HISTOIRE DE LA RÉPUBLIQUE DOMINICAINE

(D’après Wikipedia, l’encyclopédie libre)

Pays des Grandes Antilles, la République dominicaine occupe environ les deux tiers de l’île d’Hispaniola, en mer des Caraïbes, Haïti occupant le tiers ouest de l’île. L’espagnol est la langue officielle de ce pays qui compte plus de 10 millions d'habitants.

Histoire de la République dominicaine

Origine du nom

Occupation pré-colombienne et découverte

Début de colonisation espagnole

Développement et Âge d’or

Déclin de la colonie espagnole

Partition et indépendances

Histoire politique contemporaine

 


Origine du nom

L’île s’est vue attribuer divers noms, par ses habitants indigènes précolombiens tout d’abord ; par les explorateurs puis par les colons ensuite ; et finalement par l’ensemble des peuples qui voulaient désigner l’endroit. Lorsque Colomb se renseigne sur le nom de l’île trois noms, déjà, lui auraient été donnés. Retranscrits en français cela donne : Bohio, Quisqueya ou Kiskeya (d’où l’hymne officiel de la République dominicaine : Quisqueyanos valientes) ou Ayiti (pays montagneux en langue caraïbe, devenu le nom du pays Haïti qui occupe le tiers ouest de l’île).

À son arrivée sur le sol de l’île, en 1492, Christophe Colomb fut étonné par la ressemblance de certains paysages avec l’Espagne. Il lui donna le nom d’Española (Île espagnole), qu’il indiqua sur la première carte qu’il dessina. Ce nom fut ensuite latinisé en Hispaniola et passa ainsi dans la langue française.

Alternativement aux mains des Espagnols et des Français, l’île fut aussi nommée Santo Domingo ou Saint-Domingue, par extension du nom de la capitale fondée en 1502 au sud de l’île.

Le nom de République dominicaine a été institué par la constitution de 1844 (en espagnol, qui est la langue officielle, le pays se nomme : República Dominicana) qui commence ainsi : « Les députés des peuples de l'ancienne partie espagnole de l'île de Saint-Domingue décrètent… ». Son origine se trouve dans le nom de la capitale, Saint-Domingue (Santo Domingo en espagnol), elle-même baptisée en l'honneur de saint Dominique de Guzmán.

La République dominicaine n'a pas d'appellation officielle courte. Cependant, il en existe plusieurs officieuses :

La « Dominicaine » ; cette appellation est peu usitée en français mais on trouve plus facilement ses équivalents anglais « Dominican » et espagnol « Dominicana » ;
« Saint-Domingue », par extension du nom de la capitale du pays, puisque c'est le substantif duquel dérive « dominicaine ». Ce nom a cependant aussi été utilisé dans le passé pour désigner la colonie française qui occupait le tiers occidental de la même île (dite Hispaniola) et à laquelle a succédé la République d'Haïti ;
La « Dominicanie », terme surtout utilisé par les Haïtiens et qui date de l'occupation haïtienne.

Retour haut de page

Occupation pré-colombienne et découverte

L’île était peuplée par quatre ethnies différentes de la famille des Arawaks (les lucayos, les ciguayos, les tainos et les caraïbes), qui nommaient l’île « Bohio » ou « Ayiti » (c’est-à-dire « la Terre des hautes montagnes »).

Ces populations amérindiennes se livraient à l’agriculture et à la pêche. Ils connaissaient également la poterie. Leur répartition géographique est aujourd’hui pratiquement impossible à déterminer du fait que ces tribus étaient très mobiles, qu’elles furent décimées très rapidement après l’arrivée des Européens et qu’il existe très peu de preuves attestant de leur existence, mais on peut considérer que Hispaniola était divisée en cinq domaines indigènes (« Cacicazgo »), à la tête des desquels se trouvait un cacique.

Les indigènes accueillirent Christophe Colomb et ses hommes qui, arrivant de Cuba, venaient d’accoster le 6 décembre 1492 dans le « Môle Saint-Nicolas » au nord-ouest de l’île. Le navigateur continua son parcours et longea alors la côte nord. Les indiens les aidèrent même à construire le fort de La Navidad (située non loin de l’actuelle ville de Cap-Haïtien), avec les débris de la Santa Maria, naufragée dans la nuit de Noël de l’année 1492. Colomb repart en janvier 1493, laissant sur place 39 hommes qui, avant son retour, seront tous tués par les indigènes excédés par les exactions des colons européens.

Retour haut de page

Début de colonisation espagnole

La colonisation planifiée de l’île ne commença que plusieurs mois plus tard, lors du deuxième voyage de Colomb financé par le couronne espagnole. Cette fois-ci, l’« Amiral de la Mer Océane » est à la tête d’une expédition de 17 navires, transportant 1 500 hommes (dont 700 colons et 12 missionnaires), ainsi que des chevaux (les premiers importés sur le continent américain), des bêtes de somme et du bétail.

La nomination au poste de gouverneur de Bartolomeo Colomb, frère de Christophe, aura un impact important sur la colonisation de l’île, il sera un temps secondé par son frère ainé Giacomo. Hispaniola va alors devenir pour un temps, le point d’appui pour les expéditions exploratrices et colonisatrices espagnoles aux Amériques.

Le 2 janvier 1494, les espagnols fondent au nord de l’île, la ville de La Isabela, en l’honneur de la reine Isabelle de Castille (actuellement localisée près de la ville dominicaine de Puerto Plata). Mais l’emplacement n’est pas adapté : si les carrières de pierre sont proches et les terres fertiles, la région manque d’eau potable et le mouillage pour les vaisseaux n’y est pas favorable.

De plus, les forts vents venant du nord laissèrent croire aux colons qu’ils étaient la cause des nombreuses épidémies dont les européens étaient atteints, la colonie fut alors abandonnée.

Une deuxième colonie fut aussi construite la même année, dans la vallée du Cibao (particulièrement riche en gisements d’or) et fut baptisée « Concepción de La Vega ».

Puis, l’année suivante, fut érigée une troisième colonie, toujours située dans la vallée du Cibao : « Santiago de los Trenta Caballeros » (Saint-Jacques des Trente Gentilshommes) parce les premiers fondateurs de la ville (aujourd’hui appelée simplement « Santiago de los Caballeros ») étaient au nombre de trente.

Le 4 août 1496, fut édifiée sur la rive orientale du fleuve Ozama sur la côte sud, une quatrième colonie en remplacement de « La Isabela » et prit le nom de « Nueva Isabela ».

Mais en 1500, Francisco de Bobadilla est nommé nouveau gouverneur de l’île. Aussitôt arrivé d’Espagne, il accuse les frères Colomb de mauvaise gestion dans la colonie, et les fait jeter tous les trois en prison.

Retour haut de page

Développement et âge d’or

En 1502, un cyclone ravagea la ville « Nueva Isabela », principalement constituée de maisons en bois. Elle fut alors remplacée par une nouvelle cité construite sur l’autre rive du fleuve par le successeur fraichement nommé de Bobadilla, Nicolás de Ovando, et fut baptisée Santo Domingo de Guzmán (aujourd’hui la « Zone coloniale » de la ville de « Saint-Domingue »). Des bâtiments « précurseurs » aux Amériques y furent érigés tel : la première cathédrale, le premier hôpital et la première université.

Cependant dès son arrivée, Ovando est aussi confronté à une révolte des indiens, qu’il réprime durement par une série de campagnes sanglantes, au point que la population indigène dénombrée selon un recensement effectué en 1507 n’était que de 60 000 individus, alors qu’ils étaient estimés à 1 300 000 à l’arrivée des européens. Comme la main-d’œuvre locale ne suffisait donc plus pour l’extraction minière et le travail dans les plantations, Ovando décida dès 1502, de faire venir les premiers esclaves noirs d’Afrique, physiquement plus résistants que la population indigène. Cette arrivée massive d’africains aura une influence considérable sur la culture, la politique et la composition ethnique de l’île. Les escales de la même ethnie seront séparés entre eux, ce qui va permettre de leur imposer la langue espagnole, comme langue véhiculaire. De même, il seront baptisés et recevront des prénoms espagnols.

Ovando fonde également plusieurs autres villes sur Hispaniola dont : Puerto Plata dans le nord (près de l’ancienne La Isabela), Higüey dans l’est ou Salvatierra de la Zabana (aujourd’hui Les Cayes) à l’ouest (toutes ces villes ayant été fondées en 1502 ou 1503). Il développe l’industrie minière, introduit la culture de la canne à sucre grâce à des plants importés des îles Canaries et envoie des expéditions d’exploration, notamment vers la Tierra Firme, la « terre ferme » du continent américain. Mais d’une manière générale, les espagnols se consacrèrent plus à l’exploitation de la partie orientale de l’île qu’à sa partie occidentale.

Le 20 décembre 1503, la reine Isabelle signe un décret légalisant la répartition des Indiens entre les colons espagnols. Il s’agit là de l’origine de l’Encomienda. Mais la situation économique de l’île inquiète la couronne et Ovando est alors rappelé en Espagne. L’amiral Don Diego Colon, le fils de Christophe Colomb, le remplace comme gouverneur en 1508.

En 1511, la première Real Audiencia espagnole constituée en outre-mer est instituée pour l’île de Saint-Domingue, mais cet organe de justice ne s’installera pas sur l’île avant 1526.

En 1522, L’île connait sa première révolte d’esclaves, lorsque des wolofs travaillant dans une plantation de canne à sucre se soulevèrent contre le gouverneur don Diego Colon. De nombreux insurgés parvinrent à s’échapper et ils trouvèrent refuge dans les montagnes où ils formèrent des communautés marrons indépendantes. Celles-ci feront souche avec les indiens et donneront naissance à une population métissée, les Zambos dont on retrouve encore des traces dans la population dominicaine actuelle.

Dès 1530, Hispaniola commença à ne plus envoyer d’or en Espagne. Les colons concentrèrent donc leurs efforts sur la partie orientale de l’île qui recelait encore un peu du métal précieux et abandonnèrent l’ouest à son sort. La production sucrière devint alors la première richesse de l’île, elle connaîtra son apogée au milieu du XVIe siècle.

En 1535, la Capitainerie générale de Saint-Domingue est créée, elle est dépendante de la Vice-royauté de Nouvelle-Espagne, et couvre tant Hispaniola que Cuba et Porto Rico.

Retour haut de page

Déclin de la colonie espagnole

La fièvre sucrière commença à tomber, de nombreux colons prirent alors le parti de quitter l’île pour d’autres colonies espagnoles alors en pleine expansion : Cuba, Pérou ou Mexique. Le bétail amené par Colomb fut laissé à l’abandon (commençant un processus de marronnage), se multiplia sans contrôle et dévasta les cultures. Même les chiens dressés pour la chasse à l’indien constituèrent des meutes aussi redoutables que celle des loups d’Europe.

Hispaniola, notamment sa partie occidentale délaissée par les espagnols, fut très vite convoitée par les flibustiers français, anglais ou néerlandais, établis à partir début du XVIIe siècle, dans l’île de la Tortue d’où ils pillaient les galions espagnols qui faisaient route vers l’Espagne.

Afin de contrer les pillages des pirates, le roi Philippe III décida alors de mener une politique de la terre brûlée, sur les 3/5 de la partie occidentale de l’île. Il fit regrouper les populations à l’est de la ligne « Santiago de los Caballeros - Azua », notamment autour de la ville de Saint-Domingue. Ceux qui tentèrent de résister furent déportés de force. Mais cette politique eut l’effet inverse au résultat escompté : la moitié occidentale de l’île allait peu à peu revenir aux boucaniers qui ravitaillaient en viande les flibustiers. Ceux-ci commencèrent une « colonisation sauvage » durant laquelle, petit à petit les français allaient s’imposer face aux Anglais.

En 1665, la colonisation française sur Hispaniola fut officiellement reconnue par Louis XIV. Bertrand d’Ogeron fut nommé gouverneur « de l’isle de la Tortue et Coste Saint Domingue ». Il contribua au peuplement de cette partie de l’île qui prendra bientôt le nom de Saint-Domingue, en assurant le transport de centaines d’engagés, qui en échange du voyage devaient travailler 3 ans (on les appelait les « 36 mois »), depuis La Rochelle, sur Léogâne d’abord et la Tortue ensuite. C’est la période faste de la piraterie dans les Caraïbes et des corsaires.

Le cuir, le tabac ou le sucre commencent à devenir les principales richesses de la future colonie française, avec l’aide d’une main-d’œuvre d’esclaves rapportée d’Afrique, par biais de la Compagnie des Indes Occidentales, puis par la Compagnie du Sénégal.

Retour haut de page

Partition et indépendances

En octobre 1697, le traité de Ryswick mit fin à la guerre de la Ligue d’Augsbourg, mais aussi aux tentatives de reconquête de la partie occidentale de l’île par l’Espagne, dont elle reconnut à la France la possession du territoire, les Espagnols ne conservant que la partie orientale.

Cependant, la période révolutionnaire donnera l’occasion à la France de mettre aussi la main sur la partie espagnole par le traité de Bâle signé en 1795. Cette réunification fut de courte durée, puisque l’ouest de l’île fut très vite secoué par la Révolution haïtienne, que l’expédition de Saint-Domingue envoyée par Bonaparte ne put mater, et qui aboutira à l’indépendance de la république d’Haïti, première république noire du monde, proclamée en 1804 par Jean-Jacques Dessalines.

Puis, une révolte des habitants hispanico-créoles délogera les français de la partie orientale en 1809. L’Espagne récupérant sa colonie s’y maintiendra jusqu’en 1821, date à laquelle la partie orientale proclama son indépendance une première fois. Profitant de la situation, les troupes du président Haïtien Jean Pierre Boyer envahirent le territoire du nouvel état neuf mois plus tard. L’occupation de la Haïti espagnole dura 22 ans, jusqu’à la nouvelle proclamation d’indépendance qui donnera naissance à la République Dominicaine en 1844.

Retour haut de page

Histoire politique contemporaine : Une longue transition vers la démocratie

Parvenu au pouvoir le 23 février 1930 suite à un coup d’État, le despote Rafael Leónidas Trujillo Molina régna sans partage jusqu’à son décès. Il changea le nom de la capitale du pays (Saint-Domingue) en Ciudad Trujillo, s’appropria au bénéfice de lui-même et sa famille la majeure partie des terres arables. Son régime fut marqué par la répression, l’usage de la torture et le meurtre politique. En 1937, il ordonna le massacre de 15.000 Haïtiens. Dès août 1960, l’Organisation des États américains (OEA) imposa des sanctions diplomatiques à son encontre estimant qu’il était complice dans la tentative d’assassinat du président vénézuélien Rómulo Betancourt. Le 3 août 1960, Joaquín Balaguer Ricardo, qui depuis 1935 avait été à divers titres au service du régime Trujillo, devint « président constitutionnel » fantoche au service de Trujillo. Au bénéfice de sa position au sein de l’appareil d’État, il réussit à prendre le pouvoir à la suite de l’assassinat le 30 mai 1961 de Trujillo (La Fiesta del Chivo). Il fut néanmoins rapidement renversé.

La première élection libre depuis près de quarante ans porta au pouvoir Juan Bosch, créateur du Parti de la Libération Dominicaine (PLD). Celui-ci fut à son tour renversé par un coup d’État militaire. Très rapidement la situation devint confuse, confusion qui se solda par une occupation en avril 1965 des forces armées des États-Unis. Cette confusion est usuellement mise en relation avec le fait que Bosch était perçu comme procastriste.

Balaguer remporta les élections de juin 1966 et fut, aux termes d’élections fortement influencées par la violence politique d’État au service d’une dictature, réélu en 1970 et en 1974.

En 1978 Silvestre Antonio Guzmán Fernández, candidat du Parti révolutionnaire dominicain (PRD), fut élu. Il laissa la place en 1982 à Salvador Jorge Blanco, également membre du PRD.

Balaguer retrouva un pouvoir de moins en moins dictatorial suite à l’élection présidentielle de 1986, et fut réélu en 1990 et en 1994. Cette dernière élection aux résultats serrés fut, aux dires des observateurs internationaux, suffisamment entâchée d’irrégularités pour que seulement deux ans plus tard, la constitution soit modifiée et de nouvelles élections organisées.

Celles-ci conduisirent à l’élection du candidat du Parti de la libération domicaine (PLD ; centre-droit) Leonel Fernández Reyna, âgé de 43 ans.

En 2000 c’est le candidat PRD (membre de l’international socialiste) Hipólito Mejía Domínguez, opposé, d’une part, à Danilo Medina, candidat du PLD - Leonel Fernández ne pouvant se présenter pour un second mandat au vu de la constitution - et, d’autre part, à Balaguer, candidat du Parti réformiste social chrétien (PRSC ; conservateur), qui accéda au pouvoir. Balaguer, âgé de 93 ans, obtint plus de 24 % des voix et manqua de peu la possibilité de provoquer un deuxième tour.

Balaguer décéda le 14 juillet 2002, mettant ainsi fin à son implication dans une très longue transition vers la démocratie.

Hipólito Mejia, candidat après une modification de la constitution lui permettant de se présenter pour un second mandat, perd l’élection présidentielle de 2004 au profit de Leonel Fernández.

Aux élections législatives du 16 mai 2006, le PLD, parti de Leonel Fernández, obtient des électeurs dominicains une majorité au Sénat et à la Chambre des Députés.

Leonel Fernández est réélu président de la République lors des élections du 16 mai 2008.

Danilo Medina lui succède en 2012.